Li KUNWU est un manhuajia doublé d’un artiste dessinateur reconnu né en 1955 à Kunming dans le Yunnan, une région du sud de la Chine. Dessinateur autodidacte, son œuvre témoigne d’un sens aigu de l’observation, avec un intérêt pour les gens simples croqués dans leur vie quotidienne, les scènes de rue, les vieux métiers artisanaux, etc. Il est un des rares artistes chinois de sa génération à s’être, tout au long de sa carrière, exclusivement, dédié au dessin et à en vivre.
Il s’est d’abord illustré dans le dessin de propagande, puis, en tant que dessinateur de presse et journaliste pour Le Quotidien du Yunnan, il s’est intéressé à toutes les singularités de la province du Yunnan, où il est notamment connu pour son illustration des « Yunnan Shibaguai », dix-huit bizarreries locales intégrant les minorités ethniques, le train du Yunnanfu, les fumeurs de pipes en bambou, etc. Auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages dans son pays, Li a été publié dans les magazines les plus emblématiques tels que Lianhua Huabao, Huma Dashi, etc.
Il arrive à la bande-dessinée dans les années 2000, notamment connu pour sa trilogie, « Une vie chinoise », qui traverse 50 années de la Chine contemporaine, des années Mao en passant par le Grand Bond en Avant, la Révolution Culturelle, jusqu’au développement effréné de la Chine actuelle. Co-scénarisé par Philippe Ôtié, elle a fait connaître Li Kunwu, son histoire, et son immense talent aux lecteurs occidentaux, traduite dans près de 20 langues et ayant remporté de nombreux prix (prix Ouest-France, prix de la BD historique à Blois, Dragon d’Or du festival Manga International à Canton en 2013 (équivalent du Goncourt français), Prix du festival de bande dessinée à Alger, Prix d’Excellence du 18e Japan Media Arts Festival (2014), l’un des plus prestigieux prix en Asie.
A ce jour, Li Kunwu a publié dix bande dessinées en France, la dernière, Ma Maman (2020), raconte l’histoire de sa mère, une véritable fenêtre sur les années 1930 dans le sud de la Chine. Depuis quinze ans, ses œuvres dessinées sont également exposées dans les lieux les plus prestigieux de France et au-delà par l’association EST OUEST 371.
Artiste reconnu bien au-delà de la Chine, Li a été décoré Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par la ministre de la culture en mars 2022.
Photo par Selbymay — Travail personnel, CC BY-SA 4.0
Bibliographie sélective
Ma maman
Au travers du portrait de sa maman, Li Kunwu nous conte l’histoire d’une Chine qui n’est plus. Celle de la période pré révolutionnaire. Et si la spécificité de la révolution chinoise tient à sa dimension paysanne par rapport la révolution ouvrière russe, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi à la lecture de ce nouveau récit.
Le décalage entre la vie dans les villes et celle des campagnes est si édifiant qu’on se voit presque plongé en plein moyen-âge.
Avec son dessin toujours aussi incroyable, Li Kunwu nous parle du peuple, des petites gens, de la manière dont ils vivaient, de leurs croyances… dans cette Chine de la fin des années 1930.
De la même manière que nous avions découvert comme jamais auparavant la famine qui avait frappé la Chine sous Mao dans « Une vie chinoise », Li Kunwu nous offre une fois encore un document rare et poignant sur l’Histoire de la Chine.
Il y la grande Histoire et puis la petite, celle de sa maman, ballotée sans cesse entre le village de sa mère et la maison du seigneur où travaille son père. C’est l’histoire des relations maritales, familiales à l’époque, et celle de la place de la femme…
Ma génération, celle d’une vie chinoise
Ils ont connu le Grand Bond en avant, la Révolution Culturelle, l’enthousiasme et le désespoir.
Ils se souviennent tous de ce qu’ils faisaient le jour de la mort du Président Mao.
« Ils » , c’est la génération d’Une vie chinoise.
A l’heure de la révolution internet, que sont devenus les femmes et les hommes de la révolution maoïste ?
Li Kunwu nous offre un témoignage sur cette génération qui a construit la Chine d’aujourd’hui.
Empreintes
Li Kunwu raconte sa vie en Chine à son fils qui vit à Londres. De sa petite enfance avec la vie à la crèche, l’école et la vie de famille dans la Chine des années 50 à la Chine d’aujourd’hui. C’est le récit d’une société en pleine mutation confrontée à des contrastes violents liés aux changements de modèle économique. Evolutions qui ont aussi des impacts au niveau des relations amoureuses que l’auteur décrit avec beaucoup d’humour.