Émile Bravo

Invité d’honneur de la 33e édition du Festival de la Bande Dessinée de Bassillac et Auberoche

Émile Bravo est né en 1964 à Paris. Tout gamin, Bravo se met à dessiner sur n’importe quoi. Et puis, son père lui racontant aussi Lucky Luke, Tintin et Popeye, il comprend que la BD est un lien entre lui et le monde adulte. Il se met donc à créer ses versions personnelles de Popeye et Lucky Luke, et à inventer pour ses copains de classe des aventures qu’il leur fait jouer. Parmi les copains, un grand de quatorze ans l’introduit dans le monde des sciences : « Il fabriquait de la nitroglycérine, et il avait construit un télescope et une fusée. Mais il s’intéressait surtout à ma sœur. » Peu importe. De toute façon, il veut devenir ingénieur – il adore les trains, et le frère d’un ami lui a expliqué la relativité : E=mc2.

En 1983, muni d’un Bac E, il change d’azimut et s’inscrit en Histoire de l’art, pour avoir la réduction étudiant au cinéma. Et en lisant Hugo Pratt, il découvre qu’on peut faire de la BD tout en vivant des aventures fabuleuses. Lui aussi, il veut une vie d’aventure. « En fait, j’ai beaucoup moins voyagé que Pratt, j’étais trop cocooné. J’allais surtout en vacances en Espagne.  » Donc, avec son Bac E et sa carte d’étudiant, il passe un an à bâtir une BD de 70 pages qui raconte l’histoire d’un orphelin allemand à la fin de la guerre. Personne n’en veut, mais Casterman a hésité et ça l’encourage. Là-dessus, il trouve le boulot idéal : maquettiste à mi-temps à « Marie-France », où il commence à passer des illustrations, ainsi que dans la pub – ça rapporte. La BD, il la fait en dilettante, pour le plaisir.

En 1992, il s’installe avec Trondheim, Blain, Sfar et David B. dans l’atelier Nawak, antichambre du futur atelier de la place des Vosges. Avec Jean Régnaud, il attaque une nouvelle BD : c’est la naissance de l’histoire drôle et émouvante d’Aleksis Strogonov, paumé en plaine fureur bolchévique.

En 1999, Émile Bravo crée Les Épatantes Aventures de Jules. Les enfants adorent, et il travaille alors principalement pour la jeunesse. Il va également se pencher sur les grandes questions qui tournent autour des personnages de Spirou et Fantasio. Il en fera un album, Le Journal d’un ingénu qu’il situera en 1939, livrant ainsi à Dupuis l’album fondateur de la série « Spirou et Fantasio ».

Enfant, Émile Bravo dévorait Les aventures de Spirou et Fantasio de Franquin, tout en se posant de nombreuses questions : « Pourquoi Spirou porte-t-il toujours un uniforme de groom sans jamais en exercer le métier ? », « A-t-il été amoureux ? », « A-t-il une conscience politique ? », « D’où vient son amitié indéfectible avec Fantasio ? », etc.

En grandissant, Emile découvre que Spirou a été créé par Rob-Vel en 1938 et n’a été repris par Franquin qu’une dizaine d’années plus tard. Or les albums de Spirou et Fantasio édités chez Dupuis ne commencent qu’avec les aventures réalisées par Franquin ! Pourquoi cette décennie, quasi inconnue du grand public, a-t-elle été occultée ? En même temps, pendant ces années, Spirou qui était à l’origine un simple groom (c’est-à-dire un larbin qui ouvre les portes aux clients d’un hôtel !) est devenu un aventurier intrépide qui court le monde.

Or, durant cette période, il s’est tout de même passé un événement majeur qui a traumatisé l’Humanité toute entière : la Seconde Guerre mondiale. Dans quelle mesure ce traumatisme a touché ce gamin bruxellois (aux premières loges, donc, pour assister au début du conflit) et l’a fait évoluer pour devenir le héros que nous connaissons tous ? C’est pour répondre à toutes ces questions et percer ces mystères qu’Emile Bravo a voulu raconter son Spirou. Il en a fait une œuvre passionnante, bouleversante et drôle à travers deux cycles : « Le journal d’un ingénu » (un titre) qui raconte comment Spirou a failli sauver la paix et comment Fantasio a déclenché la guerre et « L’espoir malgré tout » (quatre titres dont le premier paraît le 5 octobre 2018) dans lequel on découvre comment Spirou tente de continuer à vivre selon ses valeurs après l’entrée en guerre tandis que Fantasio cherche à tout prix à se couvrir de gloire.

Bibliographie (sélective !)

Ivoire (Magic Strip, 1990)

Les véritables aventures d’Aleksis Strogonov :

  1. Biélo (Dargaud, 1993)
  2. Kino (Dargaud, 1995)
  3. Tamo (Dargaud, 1998)

Une épatante aventure de Jules :

  1. L’imparfait du futur (Dargaud, 1999)
  2. La réplique inattendue (Dargaud, 2001)
  3. Presque enterrés ! (Dargaud, 2002)
  4. Un départ précipité (Dargaud, 2003)
  5. La question du père (Dargaud, 2006)
  6. Un plan sur la comète (Dargaud, 2011)

Les sept ours nains :

  1. Boucle d’Or et les sept ours nains (Seuil Jeunesse, 2004)
  2. La Faim des sept ours nains (Seuil Jeunesse, 2005)
  3. La Belle aux ours nains, (Seuil Jeunesse, 2009)
  4. Mais qui veut la peau des ours nains ? (Seuil Jeunesse, 2012)

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill (Gallimard, 2007)

La leçon de pêche (Glénat, 2012)

Le jardin d’Emile Bravo (Les Requins Marteaux, 2014)

On nous a coupé les ailes (Albin Michel, 2014)

Spirou :

  1. Le journal d’une ingénu (Dupuis, 2008)
  2. L’espoir malgré tout – 1ère partie (Dupuis, 2018)
  3. L’espoir malgré tout – 2ème partie (Dupuis, 2019)
  4. L’espoir malgré tout – 3ème partie (Dupuis, 2021)
  5. L’espoir malgré tout – 4ème partie (Dupuis, 2022)

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