Né en 1952 près de Saragosse dans une famille de paysans espagnols au début du 20e siècle, il part pour la ville et connaît le chômage et la misère, puis s’exile en France.
Essayiste, romancier, critique et scénariste de bande dessinée et de télévision espagnol, également professeur de littérature française à l’université du Pays basque, il a été découvert en France grâce à L’Art de voler, extraordinaire roman graphique dessiné par Kim, paru en 2011 chez Denoël Graphic et parti pour connaître une gloire mondiale. Un chef d’œuvre d’émotion, de rigueur et de lucidité qui retrace, à travers le parcours de son propre père, un siècle d’histoire espagnole.
Avec Moi, assassin, Altarriba investit les mêmes qualités d’écriture dans un récit tissé d’intelligence, d’humour glacé et de violente satire des milieux artistiques et académiques, un « slasher » empruntant à David Fincher, Patricia Highsmith et David Lodge, qui renouvelle de fond en comble le thème classique du serial-killer. Les noirs et rouges profonds du dessinateur Keko apportent au livre la dimension du cauchemar.
Bibliographie sélective
Le ciel dans la tête
Avec Sergio Gracia Sanchez
Des mines du Kivu aux mirages de l’Europe, Nivek, l’enfant soldat, arraché aux griffes de la misère par l’appel d’une vie meilleure, traverse une Afrique magique et tragique, d’une violence et d’une beauté à couper le souffle. Les épreuves de ce voyage initiatique le préparent aux périls de la Méditerranée, mais pas aux déconvenues qui l’attendent sur sa rive privilégiée. À l’ombre de Cervantès et de Mark Twain, un récit épique porté par les visions hallucinées d’Altarriba et les images somptueuses de Sergio Garcia
Trilogie du Moi
Avec Keko
Angel Molinos, docteur en psychologie et écrivain raté, basé à Vitoria comme le héros de Moi, assassin, travaille pour l’Observatoire des Troubles Mentaux (OTRAMENT), centre de recherche affilié aux Laboratoires Pfizin de Houston, qui suit l’évolution des maladies mentales et teste de nouvelles molécules sur des cobayes humains. Sa mission est d’identifier de nouveaux profils «pathologisables» afin d’aider Pfizin à élargir sa pharmacopée. Les nuits d’Angel sont hantées de cauchemars. De retour dans son village natal, que des rumeurs d’homosexualité l’ont forcé à quitter à l’âge 16 ans, il retrouve son père atteint d’Alzheimer et renoue avec l’homme, devenu moine, qui l’a initié à l’homoérotisme. Il comprend que son métier est lié à ce trauma : il crée des catégories d’«anormalité mentale» pour se venger de l’étiquette homosexuelle qui a bouleversé sa vie. Rentré à Vitoria, il décide de rallier la cause d’un collègue qui prétend dénoncer les pratiques d’OTRAMENT. Mais le lanceur d’alerte a disparu, et Angel trouve devant sa porte la main coupée de ce dernier. Ses employeurs auraient-ils décidé de se débarrasser de lui ? L’inventeur de fausses folies serait-il en train de devenir fou ? Cette histoire de Big Pharma découpant nos vies et nos psychés pour optimiser ses profits pourrait se dérouler partout, mais ses tonalités politiques ajoutent un volet au portrait sans fard de l’Espagne contemporaine qu’Altarriba trace de livre en livre. Et la mystérieuse ville basque de Vitoria, au centre de sa «Trilogie du Moi», devient pour lui ce que Dublin fut pour Joyce ou Providence pour Lovecraft, le lieu mythique d’où sourdent toutes les peurs, toutes les hantises qui habitent ses héros.
L’art de voler
Avec Kim
Bon, c’est l’heure… L’heure de s’envoler… Le 4 mai 2001, le père d’Antonio Altarriba, âgé de 90 ans, saute du quatrième étage de sa maison de retraite… En relatant son existence intimement mêlée aux tempêtes qui ont ravagé l’Espagne et l’Europe du 20e siècle, son fils rend un vibrant hommage au courage, aux idéaux vaincus et à l’art si difficile de voler…