Johanna Schipper

Française d’origine néerlandaise, née à Taïwan à la fin des années 1960, Johanna Schipper appréhende très jeune les bandes dessinées comme un support de lecture visuelle. À défaut d’en comprendre le texte, elle imagine ses propres histoires à partir de séquences d’images.

Commissaire d’exposition pour le compte de l’Institut Français à partir de 1996 avec l’exposition Opera Komiks en Pologne, elle publie ses premiers textes critiques dans le catalogue dont elle assure également la direction.

Elle signe son premier roman graphique aux éditions Delcourt en 2000. En 2002, Johanna retourne à Taïwan et retrace ce voyage dans le roman graphique Née quelque part. Les planches de cet album feront l’objet d’une installation murale au Centre Georges Pompidou en 2006, à l’occasion de la première grande exposition collective consacrée à la bande dessinée dans ce musée : BD Reporters.

Nourrie dès l’enfance à l’art contemporain et au taoïsme, fascinée à l’adolescence par Edward Kienholz, Jan Svankmajer ou le magazine Métal Hurlant, l’orientation de son travail est avant tout onirique. C’est une dimension centrale de l’inventaire séquencé de ses rêves sur le blog Œil-livre. En 2015, elle initie le collectif In Wonder, qui explore les frontières poreuses entre l’art contemporain et la bande dessinée. A partir de l’univers d’In Wonder, elle réalise avec Emmanuelle Espinasse une bande dessinée numérique native intitulée Au Paradigme.

Johanna Schipper enseigne à l’École Européenne Supérieure de l’Image à Angoulême depuis 2010. Depuis octobre 2018, elle travaille à une thèse en arts à l’université Bordeaux Montaigne (laboratoire ARTES) sous la direction de Pierre Sauvanet, traitant des nocturnaux graphiques en bande dessinée.

Texte @ Johanna Schipper

Dessin © Emmanuel Espinasse

Bibliographie sélective

La boîte à bulles, 2010

Une par une

Une jeune femme part en voyage dans l’espoir d’oublier celui qu’elle aime et qui l’a quittée. Une autre se demande en quels apprêts elle attendra son amoureux, le soir venu. Une troisième tente de convaincre une de ses semblables des charmes de l’amour saphique, une quatrième promet à son amant qui la délaisse que désormais elle saura… s’aimer ! Dans la réédition de ce travail intime et sensible,

Une par Une est un livre érotique, c’est indéniable. Il ne ressemble pourtant pas aux canons du genre. Le désir suggéré y est plus fort que celui montré. Les mots et les images jouent sur un mode poétique, évocateur. Les corps sont autant d’arabesques. L’érotisme et la sensualité semblent frais, naturels, irrésistibles.On est troublé, émoustillé même sans avoir pour autant le sentiment de céder à une concupiscence graveleuse.

Avec Johanna Schipper, l’amour est tonique, léger, triste parfois, mais ensorcelant toujours.

Le printemps fleurira (2 tomes)

Dix-huit ans après son départ, Principius a décidé de retourner en Pologne, tout autant pour fuir l’antisémitisme que pour partir à la recherche de son fils probable et de sa mère.
Voilà maintenant 24 heures que le train qui le conduit à Breslau est arrêté en pleine voie, et il est dans une situation dramatique. Les hommes de la Schutzstaffel (la SS) qui sont intervenus pour le dépannage ont découvert qu’il était Juif et, surtout, l’ont accusé du meurtre de Benyamin Adler, celui qu’il croit être son fils. Même si le corps de ce dernier n’a pas été retrouvé, le pardessus taché de sang de Principius est une preuve suffisante à leurs yeux. Il est arrêté, menotté et roué de coups. Annette, la jeune comédienne, le retrouve enchaîné à un tronc d’arbre. Elle est persuadée qu’elle pourrait prouver son innocence en retrouvant Benyamin. Mais y parviendra-t-elle à temps alors que la police criminelle a été appelée en renfort… Les tensions s’accentuent, les haines s’affichent et les identités se dévoilent.

Futuropolis, 2010
Futuropolis, 2007

Nos âmes sauvages

«J’ai rencontré Yves de Peretti grâce à l’association de soutien aux peuples premiers Arutam, avec laquelle nous collaborons tous les deux.
Son film documentaire sur les Shuars, Tu es, je suis… ou l’invention des Jivaros, diffusé sur Arte sous le titre Jivaros, la légende des réducteurs de têtes, m’avait vraiment intéressée. J’avais apprécié sa manière de montrer comment les « clichés » occidentaux envers les peuples indigènes nous hantent encore aujourd’hui.
Cette idée du fantasme, renforcée aujourd’hui par notre société de l’image, a été au cœur de mon récit.»

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