Li-Chin Lin est née à Taïwan en 1973. Après des études en histoire à Taïwan et une brève expérience professionnelle dans une société d’import-export, elle choisit de devenir illustratrice et quitte l’île pour faire des études artistiques en France à l’École Supérieure de l’Image d’Angoulême, puis à l’école d’animation La Poudrière à Valence. Elle réalise des courts métrage d’animation puis se lance dans la bande dessinée à partir de 2002 en collaborant à de nombreux fanzines et réalise en parallèle deux livres pour enfants pour un éditeur de Taïwan. Elle anime régulièrement des ateliers de bande dessinée pour collégiens. « Formose », son premier roman graphique, a reçu le Prix Littéraire des Lycéens de la Région Île-de-France en 2012. Son deuxième roman graphique, « Fudafudak » est paru en 2017 aux éditions çà et là, suivi de « Goan Tau, chez moi » en 2021.
Li-Chin vit à Valence, en France. Elle a appris à lire et à écrire le Tâi-gí (taïwanais) pendant les confinements du Covid.
Texte et photo © Éditions ça et là
Bibliographie sélective
Goan tau, chez moi
Dans son troisième récit autobiographique, Li-Chin Lin questionne les notions d’appartenance à un pays et de « chez soi ». Même si elle vit en France depuis plus de vingt ans, Li-Chin doit encore faire face à la xénophobie de personnes qui ne font pas la distinction entre les différents pays asiatiques, se moquent de son accent ou véhiculent des stéréotypes racistes. Ces comportements lui donnent l’impression qu’elle n’est pas intégrée et remettent en question sa relation avec le pays dans lequel elle a pourtant passé près de la moitié de sa vie.
Li-Chin Lin a également une relation un peu compliquée avec son pays d’origine, Taïwan, où elle retourne régulièrement. Ses relations avec sa famille se sont dégradées au fil du temps et elle a l’impression d’être considérée comme un membre éloigné de la famille, pas une étrangère, mais presque. Enfin, l’appartement dans lequel elle vit à Valence, là où elle devrait se sentir en sécurité, est situé juste au-dessus d’un bar extrêmement bruyant et elle passe de longues nuits blanches qui la rendent folle. Li-Chin se sent impuissante, ignorée par la mairie et la police, sans soutien, ce qui provoque une profonde crise… Avec Goán tau, chez moi, Li-Chin tente de répondre à des questions cruciales : « quel est mon pays ? » et « où suis-je chez moi ? »
Sélection Festival Formula Bula 2021
Fudafudak, l’endroit qui scintille
Après un premier roman graphique consacré à Taïwan (Formose, çà et là, 2011), Li-Chin Lin réalise avec Fuda-Fudak un reportage passionnant sur l’une des communautés aborigènes de l’île, les Amis. Avant l’arrivée des immigrés chinois au 17e siècle, Taïwan était habitée par une vingtaine de groupes aborigènes, pour la plupart aujourd’hui assimilés. Les Amis sont l’une des tribus indigènes qui subsistent. En 2013, une amie de Li-Chin, Hsiao-Ching, décide de quitter la capitale, Taipei, pour s’installer à Dulan, un village Amis de la côte Est. Elle y monte un projet de ferme bio et noue rapidement des relations fortes avec les Amis, puis en vient à défendre leurs intérêts, et milite avec eux contre un énorme projet de complexe hôtelier sur la plage de Fudafudak, proche de Dulan….
Réalisé entre 2013 et 2015, Fudafudak décrit l’installation de Hsiao-Ching dans ce village, la mise en place de son projet de ferme bio, ses relations avec les aborigènes, ainsi que l’histoire du conflit avec les autorités locales jusqu’à la conclusion de l’affaire Fudafudak. Li-Chin a vécu avec Hsiao-Ching et les Amis pendant plusieurs mois et, à travers le récit de leurs quotidien, elle montre comment une minorité tente envers et contre tout de préserver ses coutumes et son cadre de vie, face à un gouvernement obnubilé par des intérêts financiers.
Sélection Prix Médecins sans Frontières du Festival de Clermont-Ferrand 2017
Formose
Au delà de l’affaire des frégates, Taïwan nous évoque en général peu de chose au regard de la complexité de son histoire et de sa culture. Li-Chin Lin, née en 1973 dans la campagne taïwanaise, et qui vit en France depuis dix ans, nous raconte son histoire. Elle aborde avec franchise et beaucoup de recul son enfance, tiraillée entre la culture de sa famille (ses grands parents parlent le japonais, souvenir des colonisateurs et langue honnie par le régime), ses envies (l’attrait du manga), et la doxa officielle. Elle montre comment le régime dictatorial du Kuomintang qui dirige l’île d’une main de fer quasiment sans interruption depuis l’arrivé de Chiang Kaï-Chek, pratique un endoctrinent quotidien de la population taiwanaise en générale et des enfants en particulier… Confrontée dès son plus jeune âge aux contradictions du régime, Li-Chin Lin appartient à la génération marquée par le soulèvement de Tian’anmen, qui sera amenée à remettre en question le culte de la personnalité de CKC et le parti unique. Son regard toujours révolté sur la corruption et les ambiguïtés qui gangrènent la société taïwanaise se combine avec un dessin influencé par les codes du manga, et une imagination graphique débridée.
En janvier 2012 se sont tenues les élections présidentielles et législatives à Taïwan. Le Président sortant et candidat du Kuomintang, Ma Ying-Jeou, a été réélu avec 51% des voix.
Prix Littéraire des Lycéens de la Région Île-de-France 2013