Marie Bardiaux-Vaïente

Marie Bardiaux-Vaïente est scénariste, historienne, militante pour l’abolition universelle de la peine de mort et féministe. Elle témoigne de l’ensemble de ses diverses passions ou centres d’intérêt à travers son activité de scénariste, comme en témoignent Fille d’Œdipe (6 Pieds Sous Terre), la collection “Les Reines de sang” (Delcourt) ou sa collaboration au collectif Féministes. Elle est scénariste chez Glénat de L’Abolition, consacré au combat de Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort, et de L’Enfer est vide, tous les démons sont ici sur le procès d’Adolf Eichmann. Elle scénarise également Talleyrand dans la collection “Ils ont fait l’Histoire”.

Texte et photo © Glénat

Bibliographie sélective

Glénat/Fayard, octobre 2023

Atatürk

Avec Andrea Meloni et François Gorgeon

Le 15 octobre 1927, Mustafa Kemal, président de la République turque, entame un très long discours : le Nutuk. Il expose dans cette allocution qui dure près de six journées pleines son récit de la fondation de la Turquie moderne. Après la Première Guerre mondiale, Mustafa Kemal, alors militaire de carrière, refuse le dépeçage de l’Empire ottoman prévu par les Alliés au traité de Sèvres et mène une révolte contre le gouvernement d’Istanbul. Après sa victoire contre les Grecs à l’ouest de l’Anatolie puis l’abolition du sultanat ottoman par la Grande Assemblée nationale de Turquie, il proclame la République le 29 octobre 1923. Depuis Ankara, nouvelle capitale de la Turquie, Kemal impose alors des réformes fondamentales, basées sur l’indépendance et la laïcité, afin de bâtir une nation turque foncièrement homogène sur les ruines de l’Empire ottoman multiculturel.

Marie Bardiaux-Vaïente et Andrea Meloni, s’appuyant sur les connaissances éclairées de l’historien François Georgeon, nous racontent comment un militaire nourri de culture occidentale et d’une énergie peu commune, Mustafa Kemal, permit à la Turquie d’entrer dans l’ère moderne. Un personnage autoritaire, désigné Atatürk (“le Turc-Père”) par la Grande Assemblée, qui reste aujourd’hui encore la grande figure tutélaire de la Turquie autant que l’un des hommes politiques les plus remarquables de la période de l’entre-deux-guerres.

Glénat, 2021

L’enfer est vide, tous les démons sont ici

Avec Malo Kerfriden

Adolf Eichmann est l’un des grands architectes de la « solution finale » mise en place par le IIIe Reich. Après la guerre, celui qui a mis tant d’acharnement à organiser et optimiser l’annihilation des juifsparvient à s’exiler en Amérique du Sud où des agents du Mossad le capturent en 1960. Son procès à Jérusalem, l’année suivante, est un événement historique : pour la première fois, les juifs vont eux-mêmes juger officiellement un de leurs bourreaux. Le monde entier a le regard braqué vers la capitale israélienne et les caméras filment l’ensemble de la procédure, du jamais vu. Au cours d’un procès qui dure huit mois, le récit technique de l’industrialisation de la solution finale et les documents d’archives sont présentés, disséqués, commentés. Cent onze rescapés de la Shoah sont appelés à comparaître, chacun d’eux bouleversant l’auditoire. Ce procès judiciaire d’une forte ampleur médiatique et historique – mais également politique – s’enrichit de débats intellectuels, comme le travail d’Hannah Harendt sur la « banalité du mal ». Dans ces mois difficiles, une leçon d’humanité doit passer. Passera-t-elle par une condamnation à mort d’Adolf Eichmann ? L’exécution de celui qui s’est employé à organiser l’extermination de 6 millions d’êtres humains a-t-elle un sens ? Jeanne Amelot, Shimon Abécassis et Hannah Arendt, tous trois présents en tant que journalistes pendant les audiences, s’interrogent.

Nouvelle bande dessinée des auteurs de L’AbolitionL’Enfer est vide, tous les démons sont ici en est le prolongement thématique. La réflexion sur la peine de mort se poursuit et s’insère dans un nouveau cadre historique propice au débat et à la discussion en posant la question des limites. Y a-t-il une exception à l’abolition de la peine de mort pour une société s’il s’agit du pire de ses bourreaux ?

Glénat, 2019

L’Abolition – Le Combat de Robert Badinter

Avec Malo Kerfriden

« C’est la mort que vous réclamez. Pas la justice. »

1972. Dans la nuit du 27 au 28 novembre, Robert Badinter, avocat, assiste impuissant à l’exécution par guillotine de son client Roger Bontems. Incapable de se résoudre à l’idée qu’on ait pu mettre à mort celui qui n’a pas tué, il fait de l’abolition de la peine de mort – cette sanction qui rend chacun de nous complice d’un assassinat commis par l’État – le combat de sa vie. Quelques années plus tard, c’est Patrick Henry qui est promis à l’échafaud. Qu’importe, si Badinter n’a pas pu sauver l’innocent, il sauvera le monstre. Car ce n’est pas le kidnappeur et meurtrier d’enfant qu’il doit défendre, mais la sanction capitale qu’il doit éradiquer. Le procès de Patrick Henry s’apprête à entrer dans l’histoire comme celui qui verra disparaître la peine de mort en France…

6 Pieds sous Terre, 2018

Fille d’Œdipe

Avec Gabriel Delmas

Entre une sphinge dévoreuse de héros, un garçon valeureux, parricide malgré lui, un inceste consommé et fertile, et la

guerre fratricide que se livrent les Labdacides, l’antique cité grecque de Thèbes est le théâtre d’une tragédie et de drames dont une jeune fille semble vouloir sa part. La vie d’Antigone est-elle prédestinée à une telle fatalité ?

Alors que le sang des Labdacides, de la lignée du grand-père d’Oedipe, Labdacos, n’a de cesse de se répandre, Antigone, envers et contre tous, décide de ce qui est sa loi. Histoire de l’émancipation d’une femme, Fille d’Oedipe cherche à interroger sur le sens du sacrifice. Éduquée à tenir son rang et sa place, Antigone se rebelle. Elle refuse la loi du tyran Créon et s’accroche jusqu’aux portes du tombeau à son orgueil. Dans quelle mesure ce chemin n’est-il pas justement celui qui était attendu par tous ? La place qui lui était socialement assignée (le pratico-inerte œdipien) ne porte-t-elle pas en elle les germes du destin tragique d’Antigone ? Devenir sainte ou martyre, voilà ce que son père lui a laissé comme héritage. Comment se défaire d’un tel poids ? 

Récit féministe sur la liberté individuelle et le rejet de toute ingérence patriarcale, Antigone nous pose deux questions essentielles : la sororité, solidarité entre les femmes, est-elle une réponse globale possible à la domination masculine ? Et la Justice des Hommes existe-t-elle vraiment ?

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